Un délice sans limite
Nature ou au beurre, le croissant est un incontournable du déjeuner. Classique ou fourrée, salée ou sucrée, cette viennoiserie délicatement feuilletée, au bon goût de beurre, est toujours un régal pour le palais.
«Mais d’où vient le croissant?» Non, cette fois-ci, ce ne sont pas les Suisses qui l’ont inventé! De nombreuses légendes circulent autour de son histoire. Selon une anecdote, lorsque les Turcs ont assiégé Vienne en 1698, ils auraient tenté de pénétrer dans la ville impériale en creusant un tunnel. Mais c’était sans compter sur les boulangers autrichiens. Travailleurs de nuit exerçant une activité plutôt calme, ceux-ci auraient entendu les bruits du forage souterrain. Vifs d’esprit, ils auraient immédiatement donné l’alerte et, en remerciement pour leur vigilance patriotique, ils auraient obtenu la licence pour confectionner des croissants en forme de demi-lune turque, les Kipferl. Selon une autre légende, les croissants auraient été introduits en France par la reine Marie-Antoinette, épouse du roi Louis XVI et fille de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche. Le croissant autrichien a donc été rebaptisé en France d’après la forme courbée du croissant de lune. Si l’on en croit les spécialistes d’histoire culturelle, ces légendes sont inventées de toutes pièces et le croissant n’aurait pas vu le jour en France avant le XIXe siècle.
Croissant français ou croissant suisse?
Peu importe l’origine: c’est à la sortie du four que ces petits délices sont les meilleurs et qu’ils dégagent un généreux parfum de viennoiserie au beurre. La croûte est croustillante malgré la chaleur et le premier contact du croissant sur la langue fait naître un sentiment de bonheur. Mais si l’on observe bien les boulangers, on peut distinguer quelques subtiles différences. Alors que nous savourons le croissant suisse dans sa forme joliment courbée, les croissants français ont classiquement une forme droite. De plus, les recettes se distinguent par leur teneur en beurre. Chez nous, il y a un peu moins de beurre, ce qui confère au croissant un goût plus léger. Le caractère aéré typique est également dû au tourage spécial, c’est-à-dire à la manière dont le beurre est incorporé dans la pâte. Un croissant suisse est fabriqué en trois tours simples, tandis que le croissant français est fabriqué en deux tours doubles. Les préférences régionales s’expliquent peut-être aussi du fait que les Suisses romands préfèrent un croissant plus lourd, beurré et feuilleté et les Suisses alémaniques plutôt un croissant léger et volumineux.
Variantes et différences régionales
Qu’il s’agisse de croissants suisses ou français, l’important c’est qu’ils soient bien frais. La diversité compte aussi: il existe d’innombrables variantes de croissants ne serait-ce que par la garniture. Les amateurs de sucré n’ont que l’embarras du choix entre les croissants au chocolat, à la vanille, à la confiture, aux amandes ou aux noisettes. Côté salé, les croissants au jambon ont particulièrement la cote. On trouve également des croissants aux graines, des croissants complets et des croissants de sils (passés dans une saumure). A ce sujet, il existe différentes légendes sur l’origine du «pain de Sils». Une légende souabe, qui remonterait à 1477, raconte qu’à cette époque, le maître boulanger Frieder aurait non seulement inventé le bretzel par nécessité, mais qu’un chat maladroit aurait sauté sur la plaque de cuisson faisant tomber tous les pâtons dans un seau rempli de saumure chaude. La version bavaroise sur l’histoire de la création du bretzel raconte cependant l’histoire d’un boulanger qui travaillait au XIXe siècle pour Johann Eilles, un fournisseur de la cour. En 1839, il aurait commis une erreur lourde de conséquences dans le fournil: alors qu’il avait l’habitude de glacer les bretzels avec de l’eau sucrée, il utilisa un jour par mégarde de la soude caustique qui se trouvait là pour nettoyer les plaques de cuisson. Ses maîtres furent ravis du résultat et offrirent le jour même un bretzel à la saumure à l’ambassadeur royal du Wurtemberg, Wilhelm Eugen von Ursingen, pour qu’il le goûte
Les croissants couronnés
En croissant de lune ou droits, plus ou moins beurrés: la manière dont on aime son croissant est une question de goût. Néanmoins, il existe des concours nationaux et internationaux qui récompensent les produits de boulangerie. Ils sont évalués selon des critères tels que la texture, la couleur, le goût mais aussi la façon dont ils sonnent à l’oreille, qui en dit long sur le croustillant. C’est le cas au concours du Swiss Bakery Trophy qui se déroule tous les deux ans à Bulle dans le canton de Fribourg. Le goût individuel et la tendance aux spécialités régionales sont clairement en faveur des croissants fabriqués par la boulangerie locale. Si vous souhaitez toutefois vous laisser tenter par l’art de confectionner des croissants, vous pouvez essayer notre recette. Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir et un bon appétit!