WorldSkills 2022
Vera Stocker, 21 ans, originaire de Gunzwil, a participé à la compétition WorldSkills organisée cette année à Lucerne. Elle a remporté la médaille de bronze dans la catégorie Boulangerie et entre dans le cercle des meilleurs boulangers au monde.
Les Olympiades des métiers auraient dû se tenir à Shanghai (Chine) à la mi-octobre. Mais la pandémie est venue tout bouleverser fin mai. Si cela a dans un premier temps beaucoup déçu l’équipe nationale SwissSkills – dont fait partie Vera Stocker – la joie a rapidement pris le dessus. En effet, il a très vite été annoncé que l’édition spéciale des WorldSkills serait organisée de façon décentralisée dans plusieurs pays. C’est ainsi que Vera Stocker s’est retrouvée dans la situation exceptionnelle non seulement de concourir dans son propre pays mais même dans son propre établissement lors des Olympiades des métiers. Depuis août 2021, elle travaille à l’école professionnelle Richemont de Lucerne, où la compétition a été organisée du 10 au 15 octobre 2022 dans la catégorie Boulangerie. Un match à domicile qui n’était pas gagné d’avance. Comme Vera Stocker l’explique en effet, « Je connaissais les lieux, les appareils et les fours, ce qui était certainement un avantage. Mais précisément à cause de cela, j’ai ressenti davantage de pression ».
Une compétitrice dans l’âme
Tout ne s’est pourtant pas déroulé à la perfection. Lorsqu’elle est partie en pause de midi le premier jour, elle a oublié ses baguettes au four. « Je les ai sorties du four en dehors des heures de compétition, raison pour laquelle elles n’ont pas été jugées. J’étais effondrée. Il a fallu que je me reprenne et que j’essaie de rester calme pour la suite de la compétition. » En véritable athlète accomplie – le 3 septembre, elle a remporté le titre de championne suisse de 400 mètres haies chez les moins de 23 ans – elle a l’esprit de compétition chevillé au corps. « Je me suis dit : ‘C’est maintenant ou jamais’ et j’ai mis les bouchées doubles. » La préparation mentale l’a sans doute aidée à franchir ces obstacles. Car la durée de la compétition, à savoir une journée de 8 heures et une journée de 6 heures et demie, n’a pas grand-chose à voir avec celle d’une course de 400 m. « J’ai réussi à retrouver ma concentration et j’ai voulu prouver à tout le monde de quoi je suis capable. »
Des jours entiers de préparation
Les épreuves des WorldSkills ne sont annoncées que trois mois à l’avance. « Cela ne suffit pas pour acquérir de nouvelles compétences de base. » Voilà pourquoi elle a commencé à se préparer plusieurs mois avant et réalisé une multitude de baguettes, de croissants et de pains différents. « Grâce à mon travail à l’école professionnelle Richemont, j’ai beaucoup appris par ma pratique quotidienne. » Au mois de décembre 2021, j’ai participé à un cours de deux semaines en France, afin de mieux connaître l’art de la boulangerie française et de rassembler de nouvelles idées. « Et pour m’exercer à la situation d’une compétition internationale, je me suis rendue au Danemark en août 2022 pour participer à un concours d’entraînement. Tout de suite après, j’ai commencé à développer mes produits pour les WorldSkills. » Elle y a travaillé six jours sur sept, du matin jusqu’au soir. En plus de cela, elle a aussi réalisé de nombreux essais. « Ça a été une bonne période, très intense tout de même », explique-t-elle. « Les amis, la famille et l’entraînement d’athlétisme sont passés au second plan. Je me rattrape maintenant ! »
Un programme chargé sur le thème de la Saint-Valentin
L’impressionnante table de présentation montre que tout cet entraînement, ce stress et ces privations en valaient la peine. Le programme prévoyait la réalisation de deux baguettes différentes, deux pains au levain à la farine de blé, un pain au levain avec 100 % de farine de seigle, trois tresses au beurre avec trois types de tressage différents, trois produits à base de pâte à croissant au beurre, un pain avec des ingrédients surprise, un Christstollen, un pain au lait japonais et, pour couronner le tout, une pièce d’exposition sur le thème de la Saint-Valentin. Un bon thème ? « À vrai dire, j’aurais préféré le thème du cirque qui a été choisi dans le domaine de la pâtisserie-confiserie », déclare-t-elle en souriant. Avec la Saint-Valentin, on se sent limité aux motifs romantiques caractéristiques, à base de cœurs et de roses. Le défi a consisté à présenter une pièce élégante, ni maladroite ni kitsch. « J’avais mis au point sept pièces d’exposition différentes et demandé l’avis de toute l’équipe pour prendre une décision. Finalement, c’est le cœur avec une pâte à base de sirop qui a été retenu. » Perfectionniste, elle trouve toujours quelque chose à améliorer. « Je suis quand même très satisfaite de ce que j’ai réalisé. »
La récompense est là, une médaille bien méritée. Félicitations !
Vera Stocker a 21 ans, elle est originaire de Gunzwil (LU) et a suivi sa formation en boulangerie-pâtisserie au Café Koller AG à Sursee (LU). Lors des SwissSkills 2020, elle est devenue championne de Suisse dans sa spécialité. Aux WorldSkills de Lucerne, elle a pu compter sur le soutien de son coach Urs Röthlin, collaborateur de longue date de l’école professionnelle Richemont où il est responsable de la boulangerie et de la pâtisserie, mais aussi parrain des deux précédentes championnes du monde.
Au lieu des WorldSkills qui auraient dû se tenir dans la plus grande ville de Chine, un événement de remplacement décentralisé est organisé entre septembre et novembre 2022, sous l’intitulé « WorldSkills Competition 2022 Special Edition ». Pas moins de 15 pays y participent et la plupart des 60 métiers ont été repris. C’est la Suisse qui accueille le nombre le plus important de concours. Elle organise 13 des 60 compétitions, sur des sites situés à Aarau, Bâle, Berne, Genève, Lucerne et Montreux.
